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Koloss | chronique

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chronique Koloss

album  : Koloss
groupe : Meshuggah
sortie   : 2012

+ chronique Meshuggah
01- I Am Colossus
02- The Demon's Name Is Surveillance
03- Do Not Look Down
04- Behind The Sun
05- The Hurt That Finds You First
06- Marrow
07- Break Those Bones Whose Sinews Gave It Motion
08- Swarm
09- Demiurge
10- The Last Vigil


Total et Totalitaire  par  Uldor

Vous avez passé la soirée chez des amis et vous vous engagez sur le chemin du retour à la maison. Il fait nuit noire, et l'atmosphère de la ville vous rend paranoïaque, la peur vous enveloppe. Soudain, une forme indistincte mais massive vous attrape et vous envoie voler d'un coup de patte. Le colossal démon ne vous lâche plus et, non-content de vous terroriser par son incompréhensible apparition, vous bourre de coups tous plus assassins les uns que les autres, vous lacère, vous déchire et vous dévore vivant. Vous comprenez rapidement qu'il n'y a plus d’échappatoire possible et que la fin est proche. Dans votre douleur vous tentez d'occuper votre esprit en comptant les coups et en essayant de les prévoir à l'avance, pensant qu'ils obéissent forcément à une loi physique régulière et répétitive. Or c'est là que commence votre véritable cauchemar : à peine avez vous eu le temps de comprendre vos souffrances que de nouvelles font leur apparition, jusqu’à ce que vous les assimiliez et ainsi de suite... Reste à savoir combien de temps la mort va mettre à venir vous prendre, et en espérant qu'elle n'ait pas raté son bus.

Le démon en question a fait sa réputation sous le nom de Meshuggah et sévit depuis la fin des années 80. Si comme son nom hébreux l'indique on pourrait penser que le groupe est simplement fou ou "barré", il est avant tout très méchant. Les suédois avaient commencé en bon artisan d'un thrash 80 assez classique avant d'orienter leur musique vers un metal chaotique et ultra complexe sur le plan rythmique tel sur que Nothing (2002) ou le génial EP "I" (2004) et son unique piste longue de 20 minutes. Pour identifier le fléau, la presse qualifiera la musique de Meshuggah de "Djent" Metal. Rien de plus qu'une autre étiquette vide de sens pour nommer quelque chose d’innommable. L'épidémie se répand encore aujourd'hui et certains éléments, notamment l'approche rythmique décalée du groupe ont contaminé des dizaines de formations modernes tels que Mastodon à leur débuts, Tool ou encore Gojira et Hacride, qui ne s'en cachent pas une seconde.

Quid d'une violence primaire et complexe à la fois, l'effet de la musique de Meshuggah dépendra du camp auquel on préfèrera se rallier. Selon le niveau de maîtrise de vos instincts primaires vous serez le tortionnaire ou la victime. Or ce que Meshuggah possède sûrement de plus démoniaque c'est cette capacité à amener son auditeur vers l'addiction pure et simple malgré une approche ultra extrême et des structures complexes qui devraient pourtant le repousser. Car le démon fou, groove comme un dieu, d'une façon encore neuve et unique même après plus de 10 ans de démonstration.

En effet rien n'est posé au hasard. Il suffit d'écouter l'effroyable et implacable "Break Those Bone Whose Sinews Gave It Motion" pour s'en rendre compte : chaque coup, chaque note, chaque pulsation est lancée dans l'optique de laisser une trace profonde et de créer petit à petit un rythme qui - contrairement à ce qu'on a l'habitude d'entendre dans la musique "traditionnelle" - ne se répète pas, ne nous laisse pas retenir un motif particulier ou nous conforter dans une routine, mais qui évolue et se convulse en permanence pour nous faire ressentir quelque chose de profondément corporel et immédiat.

Plus que jamais, Koloss, le nouvel album (et oui encore un, le sang appelle le sang) démontre à quel point un tel son peut s'avérer énormément addictif, martial voire carrément hypnotisant et chamanique - comme en témoigne les solos - et nous secoue comme une vulgaire pièce de viande avec laquelle jouerait un dinosaure. Difficile de ne pas ressentir le mouvement : Meshuggah ne vous demande pas votre avis.

Dans ce trip total et totalitaire on se retrouve rapidement à se sentir comme Godzilla, (ou King Kong si vous êtes branchés poils plutôt qu'écailles) piétinant implacablement New York et fauchant des dizaines de vie à chaque seconde avec indifférence sans aucune raison particulière avant de s'assoir, las, à bout de force, écrasant un dernier immeuble, sur un final quasi post-rock à l'ambiance des plus post-apocalyptiques.

Le son de Meshuggah, c'est un son ensorcelant qui construit sans arrêt la distance avec l'humain, cherchant à l'extraire de son mental pour le rappeler à son état le plus primaire : le corps, la matière. Koloss ne déroge pas à cette règle et satisfera les vieux fans sans oublier de rallier de nouvelles victimes.

Enjoy!

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