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In The Court Of The Crimson King | chronique

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chronique In The Court Of The Crimson King

album  : In The Court Of The Crimson King
groupe : King Crimson
sortie   : 1969

+ chronique King Crimson
01- 21st Century Schizoid Man
02- I Talk To The Wind
03- Epitaph
04- Moonchild
05- The Court Of The Crimson King



La cour du Roi Cramoisie  par  I_Kirk_Your_Ass

Robert Fripp, ou l'esprit le plus ingénieux que le monde du rock n'ai jamais porté. Ce n'est même pas une éloge de fanboy, c'est une réalité. Il a été l'élément phare d'un genre de Musique (avec un grand M) très particulier qui est encore d'actualité aujourd'hui (Porcupine Tree, Tool, Dream Theater, Opeth ...). C'est en effet la première œuvre du grand guitariste / compositeur Robert Fripp qui sera décisive pour le développement du Rock Progressif. Si en cette année 1969 on ne devait retenir qu'un seul album ce serait sans aucune hésitation celui-là.

Inutile de dire que pour moi c'est un grand challenge que de chroniquer cet opus, j'aurais peut-être dû le laisser à Doc car ce disque a vraiment été une révolution dans le monde du rock et c'est sans aucun doute l'un des plus aboutis du groupe.

Le monsieur et sa troupe de grands musiciens ont enregistré et produit eux même leur création, ce qui est rare pour l'époque. Et malgré tout, l'album est très vite encensé par la presse, considéré (encore aujourd'hui) comme un chef d'œuvre musical. La musique jouée dans cet album est très loin du rock à la mode de l'époque, expérimentale avec un côté bien réfléchie voir même carrément intellectuelle, elle a influencée plusieurs grands groupes comme Pink Floyd (impossible de ne pas voir l'influence « Crimsonnienne » dans des albums comme Meddle tant elle est présente) Genesis, Yes, Van Der Graaf Generator, etc.

Le groupe n'a laissé aucun détail au hasard dans son œuvre, même sa pochette, pour le moins étrange. On y voit un homme aux yeux écarquillés, apeuré et criant. De couleur rouge virant vers le bleu, le jeu de couleur est d'ailleurs fantastique. L'une des dernières peintures de Barry Godber, décédé peu après. L'homme représente je pense l'homme schizophrène du XXIème siècle, qui a sûrement peur de lui même et du monde qui l'entour. Autre chose d'assez étrange, ni le nom de l'album, ni celui du groupe n'est sur la pochette, laissant l'art de Barry Godber s'exprimer ce qui n'est pas commun, là encore pour l'époque.

C'est sur une sonorité proche du hard rock que commence l'album, 21 Century Schizoid Man est à part dans la discographie de King Crimson car elle n'a pas grand chose à voir avec le rock progressif habituel du groupe. Cette chanson va aussi devenir culte et sera reprise par beaucoup de groupes et artistes tel que Ozzy Osbourne, Voivod, Noir Desir, Kenny West, Entombed, Forbidden, Maynard James Keenan...
Ce qui frappe outre le riff principale relativement heavy, c'est la voix distordue de Greg Lake, ce procédé sera unique dans la discographie du groupe. L'une des choses les plus intéressantes est le texte, écrit par le poète Peter Sinfield, qui est une violente critique des États-Unis représentée par le personnage de l'homme schizoïde du 21ème siècle, une attaque directe notamment sur la politique et la guerre du Vietnam :

« Le bûcher funéraire des politiciens
Les innocents sont violés avec le feu du napalm
»

La seconde douceur, I Talk To The Wind est la plus calme et la plus courte du disque, pour une durée de six minutes. Cette chanson est même trop calme ça donne un effet soporifique qui peut déplaire à certains mais musicalement parlant elle est très fouillée. La particularité la plus frappante est que les instruments à vent de la famille des bois prennent plus d'importance que les autres instruments. En effet I Talk To The Wind porte bien son nom et Ian Mcdonald (dont le subtile talent n'as pas à être comparé à la mauvaise bouffe du géant américain) a le beau rôle et peut exprimer toute sa virtuosité.

Vient alors le subtile Epitaph, elle commence par un roulement de tambour puis s'arrête net sur les premiers accords acoustiques, Epitaph est le titre phare de l'album. C'est sur cette dernière qu'on peut notamment voir l'une des premières apparition du Mellotron, clavier imitant le son des cordes. Mais la force de cette musique ne réside pas dans l'utilisation de cet instrument mais bien dans son ambiance psychédélique. Chaque instrument est parfaitement travaillé et correspond à l'ambiance général de la chanson, la guitare acoustique et la basse ont une place de choix ici. Et c'est à mon sens la chanson ou Greg Lake fait la meilleure prestation vocale avec des envolés de vocalises très impressionnantes. Les instruments à vent ont aussi une place de choix, mais quand même moins présents que sur I Talk To The Wind.

C'en suis alors le troublant et le long (près de douze minutes) Moonchild, une création très planante avec un chant de Lake très psychédélique. Mais une fois les deux premières minutes passées, cette œuvre devient une véritable fausse improvisation. Fausse improvisation car tout est travaillé, livrant une ambiance à la fois calme et planante, dérangeante et tourmentée. Moonchild va marquer au fer rouge le style si spécial et si troublant qui va faire de King Crimson un groupe à part dans le monde de la Musique.

Vint ensuite le dessert, le chef d'œuvre In The Court Of The Crimson King, l'annexe de cet album au ton symphonique. Les couplets sont d'une profondeur mélancolique merveilleuse et les refrains ont une ambiance enchanteresse très agréable, et le contraste entre les deux est très efficace. Les petits solos de flute au milieu et aux trois quarts est une idée fabuleuse qui lui donne une dimension original et fouillée. Puis, tout se fini dans un brouhaha comme si les instrumentistes n'étaient plus du tout synchronisés, exactement de la même façon qu'à la fin de la mise en bouche, 21 Century Schizoid Man.

Cet album est un chef d'œuvre qui a marqué le monde de la Musique, sans doute l'une des plus grandes réussites de King Crimson. Les membres du groupe de l'époque vont ensuite partir, ceux qui resteront quitteront le groupe après l'enregistrement du second album, In The Wake Of Poseidon. Le bassiste et chanteur Greg Lake va rejoindre un certain Emerson Lake and Palmer et Michaels Giles, un batteur avec un talent fabuleux, va former avec Ian Mcdonald le groupe Mcdonald and Giles. Robert Fripp quant à lui va continuer à faire évoluer l'âme du roi cramoisi dans un style très particulier, unique, expérimental, que seul l'esprit de ce formidable compositeur aurait pu imaginer. Je terminerais avec une citation qui défini vraiment bien ce style « crimsonnien », je n'ai réussi qu'à trouver une seul citation valable sur le net :

« La musique de King Crimson à l'écoute n'a rien de disciplinée, on a même souvent l'impression d'un grand bordel. C'est même justement cette folie musicale qui a fait la renommée du groupe. Mais dans ce bordel, il n'y a aucune place pour l'improvisation. Tout est cadré, calculé au millimètre, chaque note est prévue, chaque coup de caisse claire est pensé. Pas une fausse note, pas un écart dans le chant, pas une accélération. Même lorsqu'on croit que la guitare disjoncte, elle suit en réalité toujours une gamme précise. C'est ça l'originalité de King Crimson, c'est le bordel construit. La discipline dans l'indiscipline. »

Doc, ZoneMetal.com

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