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Led Zeppelin I | chronique

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chronique Led Zeppelin I

album  : Led Zeppelin I
groupe : Led Zeppelin
sortie   : 1969

+ chronique Led Zeppelin
01- Good Times Bad Times
02- Babe I'm Gonna Leave You
03- You Shook Me
04- Dazed And Confused
05- Your Time Is Gonna Come
06- Black Mountain Side
07- Communication Breakdown
08- I Can't Quit You Baby
09- How Many More Times


Good Times...  par  Womble

Doc le disait déjà, difficile avec le nombre de fans qui trainent autour d'envisager de chroniquer Led Zeppelin sans soulever instantanéement un tolé général. N'empêche, zonemetal sans Led Zeppelin ça fait un peu pouilleux, et en tant que fan officiel c'est moi qui m'y colle. Rien de très impartial là-dedans. J'ai pourtant essayé d'éviter les grandes enflammades. Et bien entendu, c'est forcément incomplet...

Après une tournée en Europe du Nord sous le nom de New Yardbirds, les membres de Led Zeppelin rentrent en Angleterre pour enregistrer un premier LP. Peter Grant leurs a trouvé un contrat chez Atlantic pour cinq Lps, une tournée; le tout avec une avance confortable. Pour autant le groupe ne se repose pas sur ces avantages, et l'album, alors assez attendu, est enregistré en un temps record. Trente-six heures de studio pour 45 minutes de musiques.
Le groupe n'a pas encore beaucoup joué ensembles et on trouve à part égales, composition et reprises. C'est peut-être les reprises qui sont les plus révélatrices du talent potentiel du groupe. Ce ne sont pas de simples avatars, plus ou moins proches, de chansons déjà trop connues, mais de nouvelles chansons dont l'ascendance semble lointaines et parfois bien dépassée. Dazed & Confused, à l'origine une composition des Yardbirds, en est un exemple flagrant.
L'album est d'ailleurs marquant en ce qu'il présente la transition entre les New Yardbirds (Nom d'origine de la formation) et Led Zeppelin. Partant du blues anglais de leurs prédécesseurs, Led Zeppelin commence à développer le son plus lourd qui fera son succès.

L'album démarre par Good Times, Bad Times, morceau puissant entre le blues et le rock. On note déjà les rythmiques atypiques de John Bonham, tandis que la voix de Robert Plant prend de la profondeur grâce à l'overdubbing sur les refrains. Cet ouverture avec un morceaux à fort groove est la marque de fabrique de Led Zeppelin sur ses premiers albums. La tension semble retomber avec une reprise de Babe I'm Gonna Leave You de Joan Baez. Page égraine des arpéges lancinants, n'hésitant à multiplier les pistes de guitare et à recourir à certains effets sonores installant une ambiance tranquille. Mais c'est une fausse impression et le morceaux se détache complètement du folk original pour devenir beaucoup plus lourd grâce à un Bonham massacrant avec joie sa grosse caisse et à un Page qui a du mal à passer plus de deux minutes sans enclencher sa pédale de disto. Plant en profite pour forger sa réputation de hurleur blues en poussant sa voix sur les refrains. De doux et nostalgique avec Joan Baez, le morceau prend avec Led Zeppelin des accents tant furieux que désespérés.

You Shook Me est un retour à un blues plus classique. On note pour la première fois la présence des claviers de John Paul John qui vient alterner avec la guitare de Page pour forger le lien avec la rythmique de Bonham. Plant piaule langoureusement sur le début du morceau qui ne semble au premier abord qu'un blues classique. Mais une écoute attentionnée révèle la capacité d'expérimentation dont le groupe cherche à faire preuve. Orgue, harmonica puis guitare se succèdent en solo, se posant tranquillement sur la batterie avant que Plant et Page ne se lance dans un duel guitare/voix qui préfigure leurs live.

Arrive le monstre de l'album. Dazed & Confused est originellement une reprise des Yardbirds. Led Zeppelin le transcende. Dans cette version album il ne dure que six minutes (et des poussières), mais le groupe le pousse déjà à des sommets de 35 minutes en concert. C'est, de plus, un remarquable exemple de la construction que le groupe utilise sur la plupart de ses chansons. Une batterie puissante assure la rythmique de fond sur laquelle John Paul John réussit l'exploit de faire le grand écart entre guitare et batterie. Sur cette couche s'impose le couple Page/Plant, l'un et l'autre se poursuivant tour à tour avec leurs instruments respectifs et n'hésitant pas à s'envoler. Ils prennent des risques, mais ils s'en foutent, la solidité de la rythmique de fond tient le morceau. C'est cette tension entre deux pôles opposés qui fonde la puissance du groupe. Dazed & Confused est pour ça un voyage. Successivement ou simultanément, batterie, guitare et voix se lancent dans des escalades sonores, se poursuivent, se rattrapent puis éclatent en grand délires avant de retomber exactement dans le cadre du morceau d'origine. Page en profite pour introduire son archet à violon qui lui permet de tirer de nouveaux sons de sa six cordes mais auquel la version album ne rend pas justice.

Après un tel monstre, le groupe retourne dans un blues de facture moins psychédélique, Your Time Is Gonna Come. John Paul John reprend son orgue tandis que Page explore les capacités de sa guitare en son clair, donnant un petit coté pop au morceau. Sur les refrains, l'alliance de l'orgue et des pistes de voix créée une ambiance solennelle que dément l'aspect intimiste des couplets.

Suis Black Mountain Side, la première piste purement acoustique et instrumentale de l'album. Peut-être celle sur laquelle Page fait la plus belle preuve de son touché sur la six cordes. Mais c'est aussi une rupture avec le reste de l'album. L'utilisation des bongos et les sonorités de la guitare installent une ambiance « orientalisée » qui tranche avec le reste. On pourrait presque regretter que la piste ne soit pas plus approfondie.

Elle sert en effet de transition aux trois quarts de l'album et laisse rapidement place à Communication Breakdown. Simple, rapide et nerveux. Ce rock désarticulé préfigure presque le punk – avec beaucoup d'imagination. Pourtant c'est celui qui souffre le plus de la qualité médiocre des enregistrements studios de l'époque et c'est peut-être la piste la plus faible de l'album.

I Can't Quite You Babe, est un nouveau retour au blues qui permet surtout à Page d'exprimer ses talents de soliste blues. Le morceau lui-même est un combat constant entre les assauts de la guitare et les plaintes de la voix de Plant. Mais ce qui frappe surtout c'est l'extraordinaire habilité de Bonham à conserver une rythmique solide tout en se laissant aller à de petits effets de batterie.

Suis How Many More Times, piste qui réintroduit à la fois l'expérimentation à la guitare – notamment grâce à la wha-wha – mais fait aussi la part belle au redoutable riff de basse de John Paul John. Celui-ci impose un groove entraînant qui ne se brise que pour laisser place au solo. Le rythme n'est plus conservé que par le charley de la batterie qui s'éteint pour lancer la chanson dans un psychédélisme planant. Bonham repasse, partiellement, sur ses bongos tandis que Page ressort son archet à violon et que Plant pose une voix aérienne, installant une ambiance presque inquiétante. Finalement le schéma original de la chanson est complètement abandonné et on à l'impression de changer radicalement de morceau tandis que le rythme s'emballe, retombe, s'emballe à nouveau, puis, sur un coup de batterie revient exactement au rythme de départ. Le morceau conclut l'album tout en laissant l'auditeur sur sa faim, tant il semble annoncer plus.

Dans l'ensemble l'album paraît surtout être le résultat composite d'un groupe en pleine formation. Fait à la fois de reprises (Babe I'm Gonna Leave You, Dazed & Confused), de morceaux fait à la va-vite (Black Mountain Side, Communication Breakdown), de blues classiques (You Shook Me, Your Time is Gonna Come) et d'hybrides mordants sauvagement sur le rock (Good Times, Bad Times, How Many More Times) Led Zeppelin I résume les influences de Led Zeppelin et annonce ses futurs compositions. Le plus marquant reste la qualité des divers musiciens, la cohésion de leurs jeu et leurs évidente volonté d'expérimentation.



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