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Metamorphosis Of Realistic Theories (M.o.R.T.) | chronique

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chronique Metamorphosis Of Realistic Theories (M.o.R.T.)

album  : Metamorphosis Of Realistic Theories (M.o.R.T.)
groupe : Blut Aus Nord
sortie   : 2006

+ chronique Blut Aus Nord
01- Ruins of the Genesis Antiparticles
02- Dis-Harmonization of all Visual Echoes
03- Fusion With the Zero
04- Samsaric Ocean
05- The Meditation of the Ghost Samadhi
06- Le Cercle de Ceux Qui Pleurent
07- Alienation of the Orphans


La mort au coin et quelques bovins  par  Doc

« L’album est transcendantal » peut-on lire à propos de ce disque dans une chronique sur un autre webzine. Ahah, évidemment, c’est pas le bon mot, mais c’est la bonne idée. Oui, l’album est transcendant.

Bon je ne me perdrai pas en interrogations métaphysiques « est-ce encore du black metal ? Déjà du post black ? De l’atmosphérique ? » autant de débats aussi inutiles que dégradants. D’autant que je n’écoute pas beaucoup ce genre de choses alors j’ai aucune idée de ce que c’est, mais c’est très grand.

Le défi de MORT c’est d’arriver à l’écouter en entier d’une seule fois (comme pas mal d’autres albums de Blut Aus Nord). Rarement on passe des moments aussi dérangeants qu’à l’écoute de ce disque. C’est destiné à être entendu seul, cloîtré dans sa chambre avec la musique torturée qui résonne entre les quatre murs de la pièce et de la boîte crânienne. Trop inconfortable pour l’écouter avec d’autres. Ca se garde pour soi, et ça va droit au fond de chacun. On ressent la musique intimement, elle fait vibrer à l’intérieur, elle est biologiquement malsaine. Il y a un effort à faire pour continuer à écouter, et rien que ce concept me plaît, tandis que la musique actuelle prend le chemin inverse : on rentre tout de suite dans les morceaux simpliste, ça reste dans la tête, faut presque se forcer pour arrêter d’écouter. Les Monty Python ont eu l’idée de la blague qui fait mourir de rire, Blut Aus Nord celle de la musique qui fait agoniser dans la puanteur, la crasse et le froid. Les bruitages industriels me rappellent les albums insoutenables d’Univers Zero (sauf que l’ambiance était davantage cachot pendant l’Inquisition, mais bon on n’est pas à ça près). Le côté industriel est très déshumanisant.

La violence est clairement distillée dans la mélodie (le mot ne convient pas mais j’en trouve pas d’autre) bien plus que dans le rythme ou le chant. Les coups de double pédale se comptent sur les orteils d’un pied. Le chant, souvent clair, est assez discret mais il fait de magnifiques apparitions, comme un fantôme, une ombre qui plane au-dessus et qui descend par instants. Bref l’agressivité n’est pas là où on l’attendrait, elle nous prend par surprise, à rebrousse poil.

L’album se décline en huit chapitres, un peu répétitifs parfois. Evidemment il a un côté un peu pédant dans tout ça, « branlette » si on veut. Le retirement du monde, l’absence de concert, la discrétion absolue… ça fait élitiste, pompeux. Plus je lis des choses sur le groupe, plus je pense à King Crimson et à Robert Fripp en particulier. Exactement la même attitude, exactement les mêmes critiques qui déferlent. C’est un euphémisme de dire que moi ça ne me gêne pas. Au contraire j’aime quand un groupe choisit de faire de la musique mystérieuse et que le mystique se répand jusque dans le groupe lui-même. C’est même sobre je dirais. La ressemblance avec King Crimson est même flagrante dans la musique elle-même : la superposition des guitares, la dissonance poussée à l’extrême (un grand truc de Fripp ça), la batterie continuellement à contre temps, la catabase musicale, les expérimentations sonores, les longs passages instrumentaux, la noirceur humaine, le côté « suis-moi je te fais voyager ». D’ailleurs c’est assez inutile de décortiquer MORT morceau par morceau : c’est un grand cheminement, ça s’enchaîne, se même, se casse, se déforme, se reforme, se fait écho, se répète. On ne peut que faire les mêmes commentaires pour toutes les pistes. On avance, ou on tourne en rond : c’est un peu toute la magie du disque. Peu de moments hargneux, c’est plutôt une grande errance. Vraiment je crois que le qualificatif de « fantomatique » colle parfaitement à MORT. Pas de couplets, pas de refrain, un grand chaos à la place. Mais là aussi, comme chez King Crimson encore une fois mais il me semble que c'est la référence indispensable pour analyser ce disque, c'est un chaos voulu ainsi, un chaos cristallisé. Rien n'est laissé au hasard.

Tout de même j’aime beaucoup la cinquième piste, plus que les autres, je ne saurais pas bien dire pourquoi. J’aime ça, mais avec modération. C’est fortement dépressif, à la limite de ce qu’on peut supporter. Difficile de reprendre sa respiration. Personnellement, je l’avoue, j’ai mis beaucoup de temps pour l’écouter en entier. En même temps il ne faut pas s’imaginer un gros pavé écrasant, tout en étant très étouffant, les instruments (puisque ce sont eux les stars du disque, notamment les guitares) sont très subtiles, très travaillés.

Les quatre de Blut Aus Nord sont installés à Mondeville, en Normandie, apparemment. Je connais bien le coin, et je me demande ce qui a bien pu leur insuffler une telle noirceur. D’accord c’est pas super joyeux, les vaches côtoient les Super U, m’enfin…

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